Peut-on encore mourir d’amour ?

Peut-on encore mourir d’amour est un projet de spectacle porté par Lisa Cogniaux, accompagnée par Stéphanie Goemaere (aide à l’écriture, jeu), Agathe Meziani (dramaturgie), Rita Belova (assistanat), Léa Romagny (direction d’actrice), Maïa Blondeau (aide à la création sonore), Irma Morin (scénographie, costumes), Candice Haensel (création lumière), Alice Spenle (régie son).

Photo Alexandra de Laminne

Teaser

Note d’intention de Lisa Cogniaux

« Elles disent qu’il faut tout recommencer. Elles disent qu’un grand vent balaie la terre. Elles disent que le soleil va se lever. » Les guérillères, Monique Wittig.

Quand j’étais petite, j’attendais impatiemment de rencontre l’Amour. Je passais des heures dans le salon, Julien Clerc ou la neuvième de Beethoven avec le son à fond – j’ai toujours eu des goûts musicaux de vieille – , et j’inventais des histoires passionnée entre des orphelines et des princes. Mon inspiration principale était le film de Walt Disney Cendrillon et je pensais que l’amour allait un jour me rendre heureuse pour toujours.

Arrivée à l’âge adulte, je me rends bien compte que non seulement l’amour n’est pas la solution à tous mes problèmes, mais qu’en plus, en tant que femme hétérosexuelle, je me fais salement arnaquer. Charge mentale, charge émotionnelle, charge sexuelle, pédagogie féministe sont ma responsabilité. Et encore, je suis chanceuse : je n’ai pas vécu de violences physiques ou sexuelles dans le cadre de mes relations romantiques. J’ai par contre été cette fille qui demande gentiment à son copain de penser à faire la vaisselle, celle qui navigue à vue avec un partenaire évitant, ou qui sert d’escabeau à un homme de son entourage sans qu’il la remercie jamais.

Bref, j’en ai marre. J’ai envie de tout laisser tomber et d’aller vivre dans une forêt sacrée, sans mecs cisgenres, mais malheureusement je ne peux pas vivre sans wifi. à la place, je vais écrire.
Ecrire sur l’amour : ce sentiment mystérieux et imprévu qui énerve la control-freak que je suis. Il arrive ou il n’arrive pas. Parfois il disparaît sans qu’on le veuille.

On peut le rationnaliser : on reproduit un modèle parental, un modèle socio-culturel, on essaie de donner du sens à sa vie, on est influencé.e par les comédies romantiques, n’empêche : quand on est frappé.e par la foudre, on comprend pourquoi cette métaphore existe. Tout s’arrête, ou plutôt tout recommence. Les chansons d’amour s’adressent exclusivement à nous, on est capable de ne pas dormir ni manger trois jours d’affilée, on tremble, on sue, nos pupilles se dilatent, bref, on est complètement shooté.e aux hormones. Si à ce moment-là quelqu’un.e se ramène en disant « tu as bien conscience que tu reproduis un modèle culturel inégalitaire ? », on se bouchera les oreilles en chantant le coup de soleil de Richard Cocciante.

Est-ce qu’on pourrait arrêter ? Est-ce qu’on devrait arrêter ? Franchement, je n’ai aucune réponse, mais j’ai bien envie de partager mes interrogations sur scène. Parce que j’en suis sûre : on est plein à avoir les mêmes problèmes.

L’équipe au Festival Factory

Production déléguée :

Théâtre de Namur

Accueil en résidence et soutien :

Le Théâtre des Doms, Le Boson, La Forge, Le 140, Factory, ILES ASBL / Artists project, Mons Arts de la Scène (Festival Guerrières), le centre culturel de la Vénerie, le Théâtre Poème

Co-production :

Les CN asbl, Théâtre des Martyrs, Centre Culturel de Verviers